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Des surfaces économiques stratégiques pour l’avenir de Bâle
Bâle-Ville face au défi de l’espace : comment concilier développement économique et pression foncière ?
Dans le canton de Bâle-Ville, l’espace se fait rare. Malgré l’existence de plusieurs zones de transformation, la pression foncière ne cesse de croître. À mesure que la demande de logements augmente, les terrains dédiés à l’activité économique se trouvent de plus en plus menacés. Or, les espaces dans lesquels les entreprises peuvent s’implanter et se développer se raréfient. Si nous souhaitons que des entreprises à forte valeur ajoutée demeurent durablement ancrées sur notre territoire, il est indispensable de leur réserver des zones industrielles spécifiquement conçues à cet effet.
À l’horizon 2030, ces surfaces économiques ne seront plus marquées par les effluves de la vieille industrie lourde, comme ce fut le cas au siècle dernier. Elles seront au contraire le théâtre d’une production innovante, portée par les technologies de pointe. Mais alors, que faut-il concrètement aux entreprises industrielles pour prospérer ?
Une condition sine qua non est la disponibilité de terrains adaptés à la production. Les zones en mutation ne doivent pas être envisagées uniquement comme réponse à la crise du logement. Elles sont tout aussi cruciales pour créer, au plus près des lieux de vie, des emplois qualifiés, bien desservis et ancrés dans les dynamiques locales. À ce titre, le site klybeckplus, la plus grande zone de transformation foncière de Bâle avec ses 300 000 m², revêt une importance stratégique. Dans les années à venir, il accueillera l’une des dernières grandes zones industrielles continues du canton – plus de 20 000 m² prêts à être réaffectés.
Mais il ne suffit pas de désigner une zone industrielle : encore faut-il qu’elle le demeure effectivement. Des séparations spatiales claires permettent une meilleure lisibilité et évitent des conflits potentiels d’usage. Ainsi, les établissements scolaires doivent être implantés à bonne distance des zones à fort trafic, pour préserver la sécurité des enfants. De même, le trafic doux doit être rigoureusement séparé des flux logistiques afin de garantir, à la fois, l’accessibilité des zones économiques et la sécurité des usagers. Des usages mixtes sont envisageables, à condition qu’ils génèrent peu d’émissions.
Dans cette perspective, il appartient au canton de concevoir un cadre d’aménagement cohérent, où activités économiques et qualité de vie résidentielle s’enrichissent mutuellement au lieu de s’entraver. Il s’agit de définir des espaces où il fait bon vivre, aux côtés de zones où les entreprises peuvent offrir des emplois qualifiés et générer des recettes fiscales bénéfiques pour l’ensemble de la collectivité. Si le canton fixe les affectations de zone, la diversité sectorielle, elle, s’ajuste en fonction des dynamiques de marché. Et sur ce point, la demande en surfaces de production demeure élevée à Bâle, tous secteurs confondus. Certaines entreprises ne peuvent exercer leur activité que dans la zone – et si l’offre ne suit pas, elles pourraient bien choisir d’implanter leurs activités ailleurs.
C’est pourquoi notre département attache une importance capitale à la mise à disposition de surfaces industrielles de qualité. Notre ambition est que Bâle poursuive sa trajectoire de développement économique florissant. Mais soyons clairs : la croissance ne se décrète pas. Elle requiert une volonté partagée, un certain courage même – tant du côté des propriétaires fonciers que des autorités cantonales – pour concevoir des offres flexibles, durables et alignées avec les attentes croissantes des entreprises d’aujourd’hui.
Kaspar Sutter
Conseiller d’État du canton de Bâle-Ville
Chef du Département de l’économie, des affaires sociales et de l’environnement