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Portrait de Peggy BOUCHET | Aventurière, conférencière, entrepreneure

Découvrez le portrait membre du mois de janvier 2023 consacré à Peggy Bouchet, Aventurière, conférencière, entrepreneure.

Aventurière, conférencière, entrepreneure, Peggy Bouchet incarne le mantra qui est aussi le titre d’un de ses livres : « Oser toujours, céder parfois, renoncer jamais », en étant la première femme à avoir osé traverser l’Atlantique à la rame, seule et sans assistance, expérience et parcours de vie singuliers qu’elle partage aujourd’hui à travers ses interventions et auprès des associations et projets pour lesquels elle s’engage activement.

  • Be : votre parcours jusqu’à votre fonction aujourd’hui

Si les moteurs de recherche retiennent du parcours de Peggy Bouchet ses traversées au pluriel, ils entretiennent un non-sens : Peggy Bouchet n’a pas traversé sa vie, elle a choisi d’en être l’aventurière. C’est aussi ce qu’elle nous invite à être : les aventuriers.rières de nos vies.

Vivement encouragée par ses parents à oser, à être curieuse de tout, à cultiver son enthousiasme, elle grandit sur les bords du lac Léman, pratique les sports nautiques, le judo et le ski, suit l’émission « Les carnets de l’aventure » et dévore les récits d’aventure : de Florence Arthaud, Olivier de Kersauson, Bernard Moitessier, Gérard Janichon à Ella Maillart, et tant d’autres qui ont tracé leur sillage dans son esprit d’adolescente … Ces modèles d’audace et de liberté ont joué un rôle important dans son choix de voies à emprunter. Ils l’ont guidée, inspirée et insufflé cet esprit d’aventure. Remuante, détestant les contraintes et les conventions, doucement rebelle, s’exprimant avec franchise, ces traits de caractère l’ont propulsée vers son avenir.

Peggy Bouchet poursuit ses études de droit et gestion par une maitrise en shipping & management, à Plymouth, en Angleterre, où elle pratique la voile avec beaucoup de plaisir. Elle conclut son cursus universitaire par un Mastère en management et logistique à l’École de Commerce de Brest. C’est là que nait son envie d’assouvir sa passion pour l’aventure et la mer à travers son projet : être la première femme à traverser l’Atlantique à la rame.

Ce qu’elle pense être deux atouts, sa jeunesse et le fait d’être une femme, vont dans un premier temps lui desservir, en particulier auprès des sponsors potentiels. On lui fait remarquer qu’elle n’a pas la musculature adéquate, qu’elle est jeune et qu’elle manque d’expérience, ce qui se révèle être un formidable test de motivation, car Peggy ne lâche rien ! Elle sait qu’il est toujours plus dangereux de subir que de prendre des risques. Pour ce faire, elle démissionne de son poste d’ingénieur financier et réalise une traversée de l’Atlantique à la voile en équipage, pour pallier son manque d’expérience de la haute mer.

Rares sont ceux, au-delà d’Olivier de Kersauson et de son entourage, qui croient en son projet « fou ». Très souvent, on lui fait observer qu’il serait plus prudent et plus sage de se contenter d’objectifs plus raisonnables comme le Lac Léman ou la Méditerranée.

Mais à ses yeux, seul un rêve aussi grand peut mobiliser autant d’engagement, d’énergie et de courage.

Convaincue que 90% de l’exploit se joue avec le mental et 10% seulement par le physique, pétrie par l’évidence qu’il n’y a aucune raison qu’une femme ne puisse pas y arriver autant qu’un homme, boostée par l’adage de Senèque, transmis par son père et qu’elle a fait sien : « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n‘osons pas qu’elles sont difficiles », Peggy Bouchet consacre deux ans à la recherche de financement, à la constitution de son équipe et à la préparation de son aventure.

Mars 1998. C‘est enfin le départ : 5 500 km d’océan la séparent des îles Caraïbes, à parcourir avant la période des cyclones, à raison de 10 à 12 heures de rame par jour, de pause toutes les deux heures, d’un habitacle de 2 m2, spartiate et saturé d’humidité, mais armée d’une détermination de fer …

Après 79 jours de mer, Peggy Bouchet subit des creux de 7 à 8 mètres de haut et chavire la veille de l’arrivée, dans une mer déchaînée, à 120 km de sa destination. Elle reste pendant près de 9 heures assise sur la coque de son bateau retourné, en survie. Sauvée in extremis, c’est accompagnée des garde-côtes américains qu’elle foule le sol de la Guadeloupe, partagée entre la déception de ne pas avoir conclu la traversée comme elle l’avait imaginée mais avec la fierté d’avoir ouvert une voie aux femmes.

D’avoir frôlé la mort et échoué si près du but, six mois de réflexion lui sont nécessaires pour accepter cette victoire inachevée. Nul autre que son mentor Olivier de Kersauson n’aurait pu être l’électrochoc qui lui donne l’envie de repartir pour terminer son aventure, non pas par dépit, mais en en mesurant pleinement l’enjeu.

En dix-huit mois, Peggy Bouchet réunit les fonds pour cette seconde traversée et gère en sus l’aspect communication. Avec son équipe, ils tirent profit de l’expérience de la première traversée en termes techniques, de sécurité, de vie à bord etc. …

Le 5 janvier 2000, Peggy Bouchet achève sa traversée de l’Atlantique et arrive victorieuse en Martinique, en ayant cohabité avec la peur et le doute, mais sans jamais perdre de vue son objectif, sa ligne d’arrivée.

  • Inspire : ceux et celles qui vous ont inspiré, qui vous inspirent

Les parents de Peggy Bouchet l’ont toujours soutenue et encouragée à se dépasser, à considérer chaque expérience comme une opportunité d’apprentissage, à cultiver l’esprit d’initiative et une curiosité bienveillante qui se nourrit des autres, notamment des parcours de ces héros du quotidien que sont les parents et les enfants malades de l’association des Enfants du Léman, dont elle est présidente et fondatrice.

Admirative de leur courage face à la maladie, elle en reçoit une énergie communicative qu’elle déploie en retour avec son équipe de bénévoles, dans la vie de l’association, qui a pour but de réaliser les rêves d’enfants malades, à l’échelle locale, en France et en Suisse.

Quant à Olivier de Kersauson, son mentor, il fait partie à l’époque, des rares à avoir cru en elle et en sa capacité à mener à bien son projet, à lui avoir redonné confiance en elle aux moments décisifs, lui qui partage avec elle l’impérieuse nécessité de se protéger du regard des autres et de rester fidèle à ses idéaux.

C’est sans nul doute cette exemplarité de vie que Peggy Bouchet retrouve dans les biographies des explorateurs, exploratrices ou hommes et femmes « extra-ordinaires », tels que Simone Veil ou Hélie de St Marc (ancien résistant, officier de la Légion étrangère), qui ont fait face à l’adversité et ont, malgré tout, osé être soi et agir avec et pour le collectif.

  • Generate : votre fonction aujourd’hui, ce que vous voulez continuer ici ou ailleurs

Entrepreneure et conférencière, Peggy Bouchet est aujourd’hui dans la transmission et l’engagement. Elle partage les enseignements de ses traversées auprès de publics en entreprise, start-up et grands groupes, en faisant le pont entre l’aventure et l’entreprise : la capacité d’adaptation, la gestion de l’échec, le management d’un projet et d’une équipe, la résilience, la persévérance, le courage …

Celle qui s’est construite dans l’adversité, qui a dû faire preuve de combativité, de créativité, sait que l’audace est un muscle qui s’épuise si on ne l’utilise pas.

C’est cette conviction qu’elle met au service du programme Ozinspire qu’elle a fondé avec Olivier Dupont, programme à vocation inclusive, qui encourage la culture de projet auprès de jeunes, en particulier des jeunes genevois.

Les aider à se révéler, à connaître leurs talents, à faire les choses avec cœur, sans lâcher la barre, afin qu’ils réalisent leurs projets, qu’ils soient d’ordre culturel, sociétal, ludique ou sportif … En un mot, les soutenir et les accompagner à traverser leur Atlantique !

Gageons que la maxime de Charles de Gaulle qu’elle affectionne tout particulièrement : « entre possible et impossible, deux lettres et un état d’esprit » soit aussi la leur, la nôtre !


Carte ID « moitié-moitié » :

  • Votre année & lieu de naissance : 1973 - Evian
  • Votre premier travail : ingénieur financier export pour la société Alcatel
  • Votre fonction aujourd’hui : aventurière, conférencière, entrepreneure
  • Vos passions tout ce qui est en lien avec la nature et qui me permet de la contempler, sur l’eau ou dans les airs (grâce à mon brevet de pilote d’avion), le sport (la natation en piscine et dans le lac, le ski, le golf, le bateau, la marche …), les voyages, le jardinage, la gastronomie car « je suis une épicurienne de la vie » (mais une piètre cuisinière ! ...) ; tous les moments de partage avec mon entourage et mes amis.
  • Si vous étiez un super pouvoir, vous seriez lequel ? le pouvoir de me téléporter quel que soit le pays ou l’époque. Pour être passée très près de la mort, j’accorde plus que jamais beaucoup d’importance à la notion du temps. Je n’aime pas perdre mon temps ! C’est tellement précieux, j’en savoure chaque instant ! La téléportation me permettrait également d’avoir une empreinte carbone quasi nulle. Je rêverai de remonter le temps, mais également de voyager dans le futur. Je suis très curieuse de nature, j’aime comprendre l’Histoire et tout ce qui est en lien avec l’innovation.
  • Si vous étiez une innovation, vous seriez ? le téléphone portable, tel qu’il est aujourd’hui : un outil incroyable, en constante évolution. J’ai beaucoup de mal à m’en séparer !
  • Le meilleur conseil que l’on vous ait donné : « Oser ! »  Ceux que mes parents m’ont transmis : « sois curieuse de la vie » et « cultive ta singularité ». Ils l’ont sans doute regretté quand je leur ai annoncé que j’allais traverser l’Atlantique à la rame ! Mes parents m’ont toujours enseigné que dans la vie il fallait ramer, jamais ils n’auraient imaginé que je prenne ce conseil au pied de la lettre !
  • Votre devise (sans s’aider de Google !) : « Oser toujours, céder parfois, renoncer jamais ». Je l’ai pensée et écrite juste avant le départ de ma seconde traversée dans les 2 m2 de ma cabine. Depuis, elle est ancrée dans mon ADN. C’est toujours un plaisir de la partager et de constater qu’elle est une source d’inspiration pour bon nombre de personnes.
  • Un cadeau que vous aimeriez recevoir ? du temps
  • La personnalité suisse que vous adoreriez rencontrer ? Française ? Ella Maillart : exploratrice, aventurière suisse, photographe, écrivaine et journaliste. Ella Maillart est célèbre pour ses multiples exploits sportifs : seule femme de la compétition, elle devient championne de ski et barre pour la Suisse aux régates olympiques de 1924, mais surtout pour ses voyages, elle qui a parcouru les régions les plus reculées de la planète, dans des conditions qui relevaient de la plus pure aventure. Je loue sa liberté, son singulier et riche parcours et surtout sa posture : ne pas déserter ses idéaux. J’aime les personnalités hautes en couleurs, inspirantes, qui sortent du cadre, qui émeuvent, bousculent les idées reçues et donnent envie d’oser, d’agir et de partir à la conquête de soi et du monde. Il y a quelques années, j’avais eu l’occasion de visiter le chalet d’Ella à Chandolin en Valais, dans le cadre du tournage d’un documentaire qui lui était dédié. C’était très émouvant ! Thomas Pesquet : spationaute français. Son parcours insolite est une ode à l’audace. A la base rien ne le prédestinait à embrasser une telle carrière. Ses grands-parents étaient agriculteurs, ses parents instituteurs. Il a pris l’avion pour la première fois à 20 ans, après deux années de classe préparatoire. J’apprécie et admire son insatiable curiosité, sa vivacité d’esprit, sa capacité à garder les pieds sur terre (tout en ayant la tête dans les étoiles), son humilité, sa passion pour les « grands espaces » et son recul extraordinaire sur notre monde. On peut dire qu’il sait « prendre de la hauteur » !

Portrait rédigé par Marie-Anne Fourot { HY-PHEN } - www.hy-phen.ch - contact@hy-phen.ch